Sauver la Primula veris qui en est ?

Dédicace à Antoine et Marinette…

Dès que je réfléchis, j’ai l’impression de voyager en « Absurdie ».

Pour vous donner la tonalité de l’errance, un petit extrait.

J’ai repris mes sorties champêtres locales. Un choix devenu très limité en plein bocage de l’Avesnois. Poumon vert, si il pouvait encore en exister, du département du Nord.

L’ancien chemin de halage qui longe le canal de la Sambre offre encore quelques belles rencontres au fil des jours. Martin-pêcheur, Bernaches, Colverts, Hérons, Foulques macroules, Poules d’eau, Grèbes huppés…réjouissant et apaisant.

 Un rat musqué se livre à la nage en apnée, nageur de compétition.

 Au loin les chevreuils broutent, le lièvre détale. A quelques mètres dans les grandes herbes dorées, en contre bas, un renard  pour un regard furtif, fascinant et inoubliable.

A mes pieds un tapis vert ras où j’essaie de chercher un peu de diversité botanique, sans grand espoir depuis de nombreuses années.

Un petit arrêt au pied d’un chêne, me permet de découvrir quelques Primula veris , les « coucous  », rigolos et malicieux. Des survivants pour cause de déclivité, inaccessibles aux engins fous !

 Le lendemain, une folle idée de replanter la nature s’est emparée de moi.

 Cela fait maintenant tellement d’années que je pleure cette flore et son bocage qui disparaissent au profit des terres malmenées et des fossés où croupit une eau verte de phytosanitaires.

 J’ai introduit ses mignonnes primevères au jardin depuis des années dans la vaste pelouse c’est assez facile. Je les sème, les divise sans cesse, nostalgique .

Rien ne sert de pleurer, il faut faire !

Replanter des Primula veris le long du canal, joyeux non ?

Allez ! Deux doigts experts suffisent à commencer la première transplantation d’une berge à l’autre le lendemain. Il suffit de trouver une petit espace dénudé assez facile pour repiquer. Je rentre les mains terreuses mais j’adore ça !

Projet de semis et de plantations, solitaire  mais tellement rassurant.

Mais le surlendemain, un bruit infernal de moteurs m’interpelle en arrivant sur le site.

Un groupe de faucheurs  est sur place … herbe rase sur des kilomètres. 

Du bruit, de la pollution, de l’argent, de la sueur, des tendinites et j’en passe pour détruire le moindre petit bout d’herbe qui dépasse.

De l’autre côté des berges on brule, le site est irrespirable.

Je me suis éloignée au plus vite sur l’autre accès au canal à droite.

Chemin décapé, grosses pierres et toile plastique de fond déchirée volant au vent, multiples ronciers sur les berges de promenade. Un chemin de promenade devenu chaotique. Invraisemblable au point d’imaginer qu’un donneur d’ordre et des exécuteurs ne savent pas distinguer droite et gauche. L’Absurdie dans toute sa force destructrice !

Pas de salut pour les Primulas et autres !

Plus de sauveteur solitaire en vue. Il est de plus en plus fatigué et désabusé après toutes ces années…

Mais il suffit de quelques amitiés confirmées ou naissantes pour me renvoyer à mon tempérament premier ! au bout du fil ou par mail inattendu.

Alors qui est prêt à sauver la Primula veris , on cherche des semeurs et repiqueurs …soyons fous !

Qui en est ?

Partout où elle peut s’épanouir, se reproduire, se faire butiner, se mettre en bouquets par des enfants joyeux qui apprendront à les cueillir avec une délicate attention.

Qui en est, qui récolte, qui diffuse, qui séme…,qui plante…

Des idées?

8 réflexions sur « Sauver la Primula veris qui en est ? »

  1. Ouiiiiii c’est une excellente idée! Il y a 20 ans la lisière du bois était couverte de Primula veris, les enfants faisaient de petits bouquets charmants. Maintenant elles sont si rares qu’il faut tomber dessus pour en voir. Je vais en semer et les planter dans mon jardin, elles vont forcément se plaire. Barnhaven doit certainement encore vendre des graines. Merci Sylvie

    1. Pour les lisières des bois les elatiors sont plus adaptées , j’en reparlerai.Un bon début le jardin perso mais…
      Les échanges et les prélèvements de graines sont aussi de bonnes méthodes.
      Pour la réintroduction en masse et dans la nature il faut trouver des prix bas pour que ce soit accessible à tous les jardiniers . Pour les primula veris 1000 graines pour 2,5€ c’est accessible, je reviendrai sur le sujet aussi.J’ai prélevé nombre de boutures et graines cet automne à l’extérieur avec un succés vraiment sympathique avec notamment les bidens blancs que tu chéris que je cherchais en vain. Tout le monde à quelque chose à proposer en y pensant .C’est aussi indispensable par les temps qui courent pour sauvegarder des plantes en bonne santé.Belle journée

  2. Quel beau texte Sylvie!

    Tu as raison, il faut essayer de sauver le coucou, comme je l’appelais quand j’étais gamine. J’en faisais des bouquets tous les ans dans les prairies près de chez nous, qui ont disparu d’ailleurs pour construire, je les adorais, et aussi leur odeur. Tous ces engins, produits chimiques détruisent la nature. Aussi bien la faune que la flore.
    Toi et moi, on se comprend depuis un petit bout de temps. On voit que trop de choses ne tournent plus rond dans ce monde trop moderne. Merci pour tes connaissances, ton expérience, ton besoin de faire connaitre ton ressenti… même si parfois tu en souffres.
    Merci pour la dédicace, ça me touche.
    Marinette

  3. Je suis persuadée que les semeurs en herbes sont présents mais ils ne savent plus comment faire. J’ai fait ouvrir une grainothèque à la bibliothèque pour donner de quoi faire à ceux qui veulent tenter l’aventure. Et je t’avoue qu’il m’arrive régulièrement de disséminer le long des chemins les graines récoltées au jardin que j’ai en trop. J’en ai dans les poches et je sème….militantisme, oui ! « Vandalisme » d’une certaine manière car j’abime le néant minéral imposé par certains.

    1. Un peu de désarroi aussi face à ce néant …tu me raconteras la bibliothèque ce que ça donnera.Bisous de semeur!

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